

RAPPORT ANNUEL 2013 DU FMI |
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Emploi et croissance : aspects analytiques et opérationnels
En mars 2013, le Conseil d’administration a examiné de manière
informelle un document d’orientation portant sur la façon dont le
FMI peut aider les pays à élaborer des stratégies qui leur permettront
de résoudre les problèmes imbriqués d’emploi et de croissance
42
. Se
fondant sur les études théoriques et empiriques de pointe dans ces
domaines, le FMI s’efforce de dispenser aux pays des conseils optimaux,
basés sur des faits. Le constat central du document est qu’il n’existe ni
«stratégie miracle» applicable à un pays, ni stratégie unique applicable
à tous. Il est noté toutefois que l’idée selon laquelle la stabilité macro-
économique (inflation basse et faible volatilité de la production)
constitue le socle de toute stratégie de croissance n’est guère contestée.
Le document fait le point sur les travaux du FMI au plan stratégique
et à l’échelon des pays, et juge qu’il existe plusieurs moyens
d’améliorer les conseils analytiques et stratégiques que l’institution
dispense, le cas échéant et en conformité avec sa mission :
• Une analyse plus rigoureuse des problèmes associés à la croissance
et à l’emploi, et l’identification des obstacles les plus contraignants
à une croissance solidaire et à l’emploi.
Encadré 4.1
Concilier croissance et rééquilibrage budgétaire
La crise perdurant, les deux problèmes que posent une croissante
faible et des niveaux d’endettement élevés sont devenus plus
pressants et leur interdépendance s’est accentuée. Dans ce contexte,
la question du rythme de l’ajustement budgétaire a fait l’objet
de débats passionnés, surtout en ce qui concerne les pays avancés.
Le FMI n’a cessé d’affirmer qu’il ne s’agissait
pas
de choisir
simplement entre austérité et croissance, mais d’établir un juste
équilibre entre les deux.
Bon nombre de pays avancés ont progressivement résorbé leur
déficit budgétaire, et certains sont désormais sur le point d’enregistrer
des excédents primaires qui leur permettront de stabiliser leurs
ratios d’endettement. Des déficits et un endettement élevés, pour
stables qu’ils soient, freinent la croissance potentielle et exposent
les économies à d’autres chocs. C’est pourquoi l’ajustement bud-
gétaire doit se poursuivre. Dans le même temps, les perspectives
pour l’emploi et la croissance demeurent préoccupantes
a
.
C’est sur cette toile de fond que les
Perspectives de l’économie
mondiale
d’octobre 2012 ont examiné des périodes antérieures
d’endettement public élevé et ont abouti à trois conclusions. La
première est que la réduction de la dette publique est un processus
de longue haleine, surtout dans le cadre d’une conjoncture ex-
térieure fragile. Deuxièmement, elle suppose un rééquilibrage
budgétaire et un assortiment de mesures destinées à soutenir la
croissance. Enfin, le rééquilibrage budgétaire doit privilégier des
réformes structurelles et durables plutôt que des mesures tem-
poraires ou de courte durée
b
.
En conséquence, les conseils dispensés par le FMI dans ce domaine
se fondent sur plusieurs principes généraux
c
:
• L’essentiel est de s’engager à appliquer un programme clair et
précis de réduction de la dette.
• Le rythme de l’ajustement doit être calibré en fonction de chaque
pays — intervenant plutôt en fin de période si les fonds le per-
mettent, plutôt en début de période en cas de tensions sur les
marchés — afin de nuire le moins possible à la croissance.
• Il est indispensable d’associer des réformes fiscales à des réformes
des dépenses pour alléger le fardeau des personnes les plus vul-
nérables et pour que la politique budgétaire favorise davantage
la croissance à plus long terme.
• La politique budgétaire doit s’inscrire dans un éventail complet
de politiques, monétaires et structurelles notamment, susceptibles
de stimuler la croissance pendant l’ajustement des déficits.
Compte tenu de ces principes, les conseils dispensés aux pays
membres par le FMI en matière budgétaire, y compris à ceux bé-
néficiant de programmes appuyés par l’institution, ont été
constamment réexaminés et modifiés en fonction des besoins. Ainsi,
dans le cadre des consultations au titre de l’article IV conduites en
2012 avec le Portugal, les administrateurs ont jugé les objectifs
budgétaires des autorités appropriés, sous réserve que l’économie
suive l’évolution escomptée, mais ont insisté sur la nécessité d’établir
un juste équilibre entre l’assainissement des finances publiques et
les mesures favorables à la croissance
d
. Cette approche pragmatique
est indispensable pour répondre aux besoins variables des pays
membres et à l’évolution de la situation dans le temps, notamment
dans les cas où les effets du rééquilibrage budgétaire risquent d’être
plus graves, en période de ralentissement économique
e
.
a
Voir le Plan d’action mondial de la Directrice générale d’avril 2013 (
www.imf.org/
external/np/pp/eng/2013/042013.pdf) et le Moniteur des finances publiques d’avril
2013 (
www.imf.org/external/pubs/ft/fm/2013/01/pdf/fm1301.pdf).
b
Voir le chapitre 3 des
Perspectives de l’économie mondiale
d’octobre 2012 (www.
imf.org/external/pubs/ft/weo/2012/02/pdf/c3.pdf). Le Moniteur des finances
publiques d’avril 2013 (
www.imf.org/external/pubs/ft/fm/2013/01/pdf/fm1301.pdf)aboutit à des conclusions similaires quant au rééquilibrage budgétaire.
c
Voir l’annexe 8 du document «Jobs and Growth: Analytical and Operational Conside-
rations for the Fund»
(www.imf.org/external/np/pp/eng/2013/031413.pdf), les
Perspec-
tives de l’économie mondiale
d’avril 2013
(www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2013/01/
pdf/text.pdf) et le communiqué de presse 13/129, «Communiqué de la vingt-septième
réunion du CMFI»
(http://www.imf.org/external/french/np/sec/pr/2013/pr13129f.htm).
d
Voir la note d’information au public 13/07, «IMF Executive Board Concludes 2012 Ar-
ticle IV Consultation with Portugal» (
www.imf.org/external/np/sec/pn/2013/pn1307.htm).
e
Perspectives de l’économie mondiale,
octobre 2012
(www.imf.org/external/pubs/ft/
weo/2012/02/pdf/text.pdf).