ZEBULE N°6 - ULTIME - page 44

“Paris ?”
S.L :
Paris représente mes jeunes années. J’y suis arrivé à vingt ans en 1962,
après quelques années d’apprentissage dans un salon de coiffure à Lille. Paris,
c’est la découverte des journaux, des magazines de mode “Vogue”, “Jardins
des Modes”, puis plus tard “Elle” avec qui je collabore. Le succès a été
immédiat. J’étais très fêté par ce monde mais il fallait survivre aussi…: je ne suis
pas un homme d’argent et me faire payer était une corvée. Je n’ai jamais trop
su me défendre sur ce plan, je faisais les choses avec trop d’enthousiasme
.”
“Marrakech ?”
S.L :
Marrakech, c’est 1968, la découverte, l’éblouissement et l’intention
d’y vivre. J’y acquiers en 1974 une maison au cœur de la Medina que
je n’ai cessé de restaurer durant plus de trente ans…! Marrakech est lié
à mon histoire, mes racines. C’est trop personnel pour le développer,
mais il est certain que le parfum s’est accroché à cela
.”
“L’odeur et les mots ?”
S.L :
Si un parfum n’avait pas de nom, d’histoire, il n’aurait aucun intérêt.
Ce constat j’ai pu le véri“er ces dernières années, en présentant
volontairement, parfois, certaines compositions olfactives dans un silence
absolu, sans mot. Les équipes étaient perdues, déstabilisées.
Paradoxalement le parfum c’est ce que je ne peux traduire par les mots
.”
“L’odeur et le son ?”
S.L :
Je ne peux séparer mes sens. Ils fonctionnent ensemble. Même si
celui que j’actionne dans le moment présent est toujours privilégié
.”
“L’odeur et le tactile ?”
S.L :
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise odeur. C’est le vécu qui
s’accroche à un souvenir, une odeur…: celle d’une peau aimée peut des
années après se rappeler avec délice à la mémoire de quelqu’un, sans
aucune raison pertinente, apparente
.”
“L’odeur et le goût ?”
S.L :
Si j’ai faim et que je sens au même moment une odeur de cuisine me
monter aux narines, c’est merveilleux…; chose impossible si je viens de déjeuner
ou de diner. L’odeur peut dans ce cas devenir vite détestable. Aussi, si vous
vivez dans un appartement, pensez aux voisins au moment de la satiété
.”
“Cuir Mauresque” et “Ambre Sultan” trônent au même titre que les
insaisissables marquises “Irist Silver Mist”, “Tubéreuse Criminelle”,
“Féminité du bois” et du ténébreux marquis “Serge Noire” dans
l’ensorcelant écrin du Palais Royal. Impossible pour moi d’inventorier
tous les œacons couronnés de la cour des senteurs du 162…! “
Il est certain
qu’il y a une grande différence entre une courtisane, et une femme de
Cour, entre des onguents et des parfums.
” - Jean Louis Guez de
Balzac,
Socrate chrestien
.
“Paris ?”
S.L :
Paris represents my early years. I arrived at age 20 in 1962, after
a few years apprenticing in a hair salon in Lille. Paris was the discovery
of newspapers, fashion magazines, Vogue, Jardins des Modes, then later
Elle, with which I collaborated. Success was immediate. I was celebrated
by this world but I had to survive, too: I am not a man of money and
getting paid was dif“cult. I have never quite known how to defend myself
in this area; I did things with too much enthusiasm.”
“Marrakech ?”
S.L :
Marrakech was 1968 , the discovery, the bedazzlement and the
intention to live here. In 1974 I acquired a house in the heart of the
Medina which I didn’t stop restoring for over 30 years! Marrakech is
linked to my history, to my roots. It is too personal to go into this, but it
is certain that the perfume hangs on this.”
“Scent and words?”
S.L :
If a perfume had no name and no story, it would be of no interest.
I have been able to verify this observation in recent years by deliberately
presenting, on occasion, certain olfactory compositions in absolute
silence, without a word. The teams were lost, destabilized. It’s
a paradox: perfume is that which I cannot translate into words.”
“Scent and sound?”
S.L :
I cannot separate my senses. They work together. Even if the one
I am using at the moment is always favoured.”
“Scent and touch?”
S.L :
There is no good or bad odour. It is life experience which clings
to a memory, and to a fragrance: the scent of a beloved skin that can
come back with delight to memory many years later, without apparent
reason.”
“Scent and taste?”
S.L :
If I am hungry and just then I smell a kitchen odour wafting to my
nostrils, it’s marvellous; impossible if I have just had lunch or dinner.
In this case the odour can quickly become detestable. Also, if you live
in an apartment, think of your neighbours at the moment of satiety.”
“Cuir Mauresque” and “Ambre Sultan” take pride of place alongside
the elusive marquises “Iris Silver Mist”, ”Tubéreuse Criminelle”, ”Feminité
du Bois” and the shadowy marquis ”Serge Noire”, in the bewitching
treasure chest of the Palais Royal shop. Impossible for me to inventory
all the crowned œagons of the scents of number 162! “
It is certain that
there is a great difference between a courtesan and a lady of the court,
between ointments and perfumes.”
Jean Louis Guez de Balzac,
Socrate
chrestien
.
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